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Si vous n’avez encore jamais lu Régis Jauffret, précipitez-vous sur la prose sombre et ricanante de l’un des meilleurs écrivains français contemporains, assurément l’un des plus stimulants formellement et des plus drôles. Pour son premier roman publié dans la collection "blanche" Gallimard après de nombreuses publications aux éditions Verticales, l’auteur, comme a son habitude, exploite jusqu’au vertige une matrice narrative fort simple : l’histoire d’un homme et d’une femme qui vont se quitter. Lui, un cadre sans envergure pas vraiment sexy, elle, une femme un peu paumée, chômeuse flouée par la vie. Mais voilà, comme l’Homme est généralement lâche et que la Femme est née pour encaisser ses coups, on découvre que le mâle, pour quitter sa compagne, va se montrer au zénith de son ignominie : il va demander à son propre père d’annoncer la nouvelle à sa bru… Sympathique, non ? Cet embryon narratif, digne d’une satire de Feydeau, va croître, proliférer, se multiplier à mesure que les protagonistes de ce drame petit-bourgeois vont prendre la parole et se mettre à vider leur sac verbal. Et celui-ci est plutôt chargé…
"Asiles de fous" au pluriel nous promettait le titre du livre ? Assurément. La conscience malade et hystérique de ceux qui parlent, se taisent, reviennent, disparaissent, et ainsi de suite, en un étrange ballet glacial où l’amour n’est pas grand-chose… même s’il demeure le plus universel des sentiments. Un homme, une femme. Chabada...