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"Comme la plupart des hommes, j’ai raté ma vie sexuelle" À quoi peut-on s’attendre après un incipit aussi fracassant ? Au récit d’un fiasco ? À une confession émaillée de détails croustillants ? À un tableau déprimant de la condition masculine dans notre société contemporaine ? À rien de tout cela. D’abord parce que les femmes ne sont guère mieux traitées. "Rares d’ailleurs les femmes qu’on puisse dire belles, presque toute femme étant en quelque sorte un laideron qui s’ignore…" Ensuite parce qu’il ne s’agit pas ici d’un témoignage mais bien d’un roman d’amour ou plutôt d’un roman sur les difficultés voire l’impossibilité de l’amour. Le narrateur , né sur ces plateaux de Corrèze qui ont inspiré à Richard Millet la plupart de ses livres, se croit laid. A-t-il tort ? A-t-il raison ? Peu importe puisqu’il est impossible de déterminer des critères objectifs pour évaluer la beauté. Ce qui est sûr c’est qu’un jour, à l’âge de huit ans, il s’est découvert laid dans le regard de sa mère et que cette révélation a marqué sa vie entière le poussant à cultiver, par crainte des rebuffades, le goût des femmes laides, lui interdisant toute relation suivie, le laissant vieillir sous la houlette affectueuse d’une sœur aînée demeurée, elle aussi, célibataire. Aux yeux de leur mère, le frère et la sœur ont surtout un défaut majeur : ils ressemblent à leur père parti vers une autre vie et sont le vivant rappel d’un désastre amoureux.
Dans une langue superbe qui cerne au plus près, avec une justesse musicale, l’indicible problème du rapport aux autres, "Le Goût des femmes laides" est à la fois un étonnant traité de l’amour et l’évocation de ces blessures inguérissables de l’enfance, de celles qui poussent parfois à se tourner vers la consolation des livres.