C'est ainsi qu'elle préfère l'imaginer, son enfant autiste, seul moyen selon elle de l'aimer, peut-être même de le guérir. Véritable duo tragique, la mère, avide, tente d'apprendre les secrets de son fils, tandis que celui-ci la dévore, l'engloutit dans ses cris et ses silences. Tour à tour, chacun essaie d'échapper puis de rejoindre l'autre dans son orbite. De l'enfant s'échappe parfois une parole "comme une clef d'or. Arrachée. Volée à l'univers. Aux étoiles. Au cosmos". Mais elle sait que chaque progrès est menacé d'un nouvel échec, véritable "cyclone" après lequel il lui faudra "sans trêve reconstruire".
Dans ce cinquième roman, Françoise Lefèvre livre peut-être le secret de son écriture : la lutte contre le silence de son fils. Ses mots s'élèvent alors, puissants et tourmentés, à l'image de l'amour qu'elle lui porte. --Laure Anciel