Vingt-septième épisode d'une saga entamée en 1977 avec La Magicienne trahie, Le Barbare confronte une fois de plus Thorgal à ce que la nature humaine recèle de plus inavouable. "Quel triste monde que le vôtre, Thorgal, où le pire ennemi de l'homme est l'homme lui-même", comme le lui fait remarquer Tiago, ce jeune garçon rencontré dans Le Royaume sous le sable. Thorgal le sait bien. Tout comme il sait que la route vers sa patrie, le Northland, est longue et difficile. Et que son errance n'est pas près de prendre fin… Le lecteur, lui, ne s'en plaindra pas : chaque nouvel épisode de la saga de Thorgal lui permet de retrouver l'un des personnages les plus intéressants et les plus sympathiques de la bande dessinée franco-belge. Elle offre l'immense mérite de ne pas se cantonner aux clichés et aux facilités qui sont trop souvent le lot de l'héroïc-fantasy. Thorgal va plus loin : véritable fresque humaniste, la série mêle avec bonheur tous les ingrédients qui assurent son succès depuis maintenant plus de vingt-cinq ans. Le souffle de l'action et le parfum de l'aventure, bien sûr. Mais aussi des incursions dans la science-fiction et le fantastique qui témoignent de l'inventivité du scénariste Van Hamme, capable de flirter avec tous les genres et de se renouveler à chaque nouvel épisode. Et, véritable originalité de Thorgal, une interrogation sur le destin de l'homme et sa capacité à s'affranchir de sa part d'ombre. La dernière case du Barbare laisse le héros dans une fâcheuse posture. Comme si Thorgal était arrivé au bout de sa route. À moins qu'il ne se relève, prêt à affronter de nouveaux dangers sur le chemin – long et douloureux – du bonheur et de la sérénité… --Gilbert Jacques