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Tahar Ben Jelloun revendique être un autodidacte en peinture. Son apprentissage, il l'a fait avec les yeux et la mémoire, en regardant, en prenant le temps de contempler le travail des peintres vers lesquels son goût et son empathie l'ont guidé. Et sur lesquels il a écrit, peintres d'hier, peintres d'aujourd'hui, de l'Occident comme de l'Orient. Jusqu'au jour où attaquer une toile lui a procuré cette sensation, déjà vécue avec la poésie, que les arts dits «plastiques» peuvent redonner foi en l'homme, faire espérer un monde meilleur.
La perspective de prendre les pinceaux, de manipuler l'acrylique le met en joie. Cette joie s'accompagne désormais d'une exigence similaire à celle qu'il met à écrire : presque sans ratures, comme dans ses manuscrits. Le mouvement du pinceau conjugue instinct et réflexion. Le bonheur est là «quand ça vient tout seul», comme Henri Matisse l'exprima si bien à Tanger.